milevie

Lidia, 35 ans, prépare quelques affaires, elle doit se rendre à Nîmes pour deux journées. Elle a rendez-vous avec ses collègues à la gare d'Avignon-Centre, d'ici une demi-heure.

Que va t-elle porter. Elle ouvre la porte fenêtre de son salon pour vérifier la température. Cela fait parti de son rituel, elle préfère vérifier le temps qu'il fait le jour même. Monsieur météo n'est pas toujours fiable. Le temps est plutôt clément, un ciel bien dégagé, pas de nuages à l'horizon.

Ma robe violine avec mes escarpins dorés feront l'affaire, pense t-elle. Elle se coiffe d'un petit chignon bas torsadé et porte des créoles en or, assorties à ses escarpins. Elle jette un dernier coup d’œil dans son miroir et se dirige vers son bureau.

Encore un quart d’heure avant de me rendre à la gare. Elle prend son ordinateur portable, elle en aura besoin lors de la réunion prévue demain dans la matinée. Elle a réservé trois chambres à l'hôtel-restaurant « le Caladon » à Nîmes, deux pour les garçons, une pour elle et Sandra.

Raphaël ne sera pas du voyage, il habite Uzès, une commune voisine de Nîmes. Il rejoindra ses collègues à l'hôtel, en voiture.

A cet instant, Raphaël, enfile un jeans noir, une chemise blanche et chausse ses mocassins marrons. Il sait que Lidia aime les hommes en chemise blanche. Il se rappelle, il y a deux mois environ, lorsque Jérôme portait une chemise blanche et où Lidia dit en plaisantant :

• Tu veux me faire craquer ou quoi

Raphaël, depuis ce jour là, de temps en temps en semaine, porte une chemise blanche pour espérer que Lidia le remarque. Chaque fois qu’il la voit, son cœur bat la chamade.

Après avoir pris un dernier café, il se dirige vers son garage, là où sa BMW série 4 blanche est garée.

Ce soir, je me lance, pense Raphaël, je dois savoir si Lidia vit seule ou pas. Elle ne quitte jamais mon esprit, quand je la vois, je suis bouleversé, comme si mon cœur allait explosé. Je dois vraiment mettre de l'ordre dans mes pensées, ou sinon, je ne pourrais plus continuer à travailler avec elle.

Un jour, il a bien essayé d’en savoir plus auprès de Jérôme et quand il a prononcé le nom de Lidia, juste à cet instant, Sandra, les a interrompu pour un appel urgent. Par la suite, Jérôme a demandé ce qu’il voulait savoir concernant Lidia. Il avait répondu dans un ton hésitant :

• Rien d'important, juste savoir pourquoi elle n’était pas là aujourd’hui

• Une gastro, elle devrait être de retour d'ici deux à trois jours, répond Jérôme.

Depuis le décès de sa femme il y a quatre ans, Raphaël vit seul. Sa femme lui manque tellement. Elle était enceinte de trois mois, ils allaient être parents. Il s'en veut de ne pas avoir été à ses côtés lorsqu'elle a été retrouvée inconsciente par un passant. Elle est morte presque sur le coup. Un chauffard de 28 ans, sous l'emprise de la drogue, l'avait percutée, alors qu'elle traversait un passage pour piétons, et s'était enfui, laissant sa femme au milieu de la chaussée, inconsciente. Celui-ci a été retrouvé rapidement, grâce à la présence d'esprit de l'homme qui a tout vu, il avait relevé le numéro de la plaque d'immatriculation. Depuis le chauffard a été incarcéré pour une durée de vingt ans, une amende de 250 000 Euros, pour homicide incontrôlé et délit de fuite et annulation de plein droit du permis de conduire, avec interdiction de le repasser pendant 10 ans, après sa sortie de prison.

Raphaël se souvient de cette nuit, juste avant de postuler à une annonce d'informaticien, où dans son rêve il voit sa femme. Elle lui sourit et lui dit qu'elle aime, mais il faut maintenant que tu penses à refaire ta vie. Il pleure, il n'entend pas vraiment ce qu'elle lui dit, il est heureux de revoir sa femme. Ce rêve lui semble si réel. Il s'accroche, il ne veut pas laisser partir sa femme, elle lui fait un dernier signe et disparaît. Quelques jours après, il repense à ce rêve qui ne le quitte pas. Pendant ces quatre années, il rêvait souvent de sa femme, mais au réveil il savait que ce n'était qu'un rêve. Celui-ci, était vraiment différent, c'est comme si elle me disait au revoir car une nouvelle vie m'attendait. J'en fus convaincu lorsque je suis tombé sous le charme de Lidia. Aucune autre femme, avant elle, ne m'avait jamais fait cet effet, depuis le décès de ma chère et tendre épouse.

Un jour d’automne, il y a six mois de cela, Raphaël rencontre pour la première fois Lidia. Ce jour là, Jérôme, Frédéric, Sandra et Lidia sont au bar « Bienvenue » en face du restaurant où il travaille. Ils ont rendez-vous pour faire connaissance suite à l'annonce pour un emploi d’informaticien.

Raphaël les avait contacté, il a fait des études d’informatique et avait obtenu un diplôme d’ingénieur.

Une fois son service terminé, Raphaël se rend au bar d'en face, « Bienvenue ».

• Bonjour Raphaël, je me présente, Jérôme, voici Lidia, Sandra et Frédéric

• Enchanté, content de vous rencontrer

• Nous sommes une petite équipe dans notre startup, c'est comme une petite famille, chacun de nous à un rôle bien précis. Il manque dans notre brochette d'équipe, un ingénieur en informatique. Votre curriculum vitae a retenu toute notre attention, toutefois, une question se pose, et si cela ne vous semble pas trop indiscret, nous voudrions savoir pourquoi avec un tel bagage, vous travaillez dans la restauration ?

• Je comprends et je ne vous cache pas, je m'attendais à cette question.

Un peu surpris par la réponse, ils offrent, tout de même, un sourire bienveillant à Raphaël, qui n'entassait pas leur mine sérieuse. Ils l'écoutent attentivement.

• J'ai perdu ma femme, il y a quatre ans. J'ai donné ma démission à mon ancien poste dans la société, que vous devez connaître, « Josevers», pour aider mes beaux parents dans leur restaurant. Ma femme travaillait avec eux, et après ce terrible accident, ils ont eu beaucoup de mal à s'en remettre. Je me devais de me montrer fort pour eux, même si la douleur de la perte de ma femme m'était insupportable. Nous avons surmonter ce grand malheur ensemble.

L'équipe reste sans voix, l'émotion se lit sur leur visage. Lidia d'une voix douce :

• Nous sommes sincèrement désolé pour vous et votre famille.

• Je vous remercie, mais si je suis là aujourd'hui, c'est pour avancer, mes beaux-parents vont mieux et m'ont supplié de reprendre dans le domaine que j'exerçais auparavant.

Après un court instant de silence, Jérôme reprend la parole :

• Si vous êtes d'accord, on pourrait se rencontrer lundi prochain, dans notre petite entreprise et vous briefer sur ce que nous souhaiterions de plus dans le domaine informatique

• Ce sera avec plaisir !

 A SUIVRE...