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Qui est qui ? 3ème partie et fin

Il est 18h30, quand Mme Le Roy, son fils, Maxime et Jérémy, son meilleur ami, se présentent au bureau de l'inspecteur Nomade. Celui-ci approche trois chaises face à son bureau, et leur demande de bien vouloir s'installer.

Mme Gommi, la mère de Pierre, est assise à la droite de l'agent spécial, en charge de l'affaire Vincent Mouro.

 

Mme Gommi et Mme Le Roy habitent toutes les deux dans la commune de Lapointe. Plus de 60 000 habitants résident dans cette ville cosmopolite. Elles ne se sont jamais croisées, toutefois, elles ont un point commun, deux jeunes hommes dont la ressemblance est frappante. On ne pourrait se méprendre sur leur origine, si les deux femmes disaient avoir fréquenté le même homme, il y a de cela 28 ans.

 

L'inspecteur Nomade raconte ce que Mme Gommi venait de lui apprendre. Les deux femmes échangent des regards interrogatifs, lorsque Mme Gommi demande à Mme Le Roy si elle a une photo de son fils Maxime, récente. Toutes les deux restent sans voix, la surprise est grande.

L'inspecteur intervient en disant :

  • D'abord, mesdames, avant de continuer, je voulais m'excuser auprès de vous, Maxime, pour ma méprise et je vous prie de bien vouloir m'en excuser

  • Je comprends inspecteur, comment ne peut-on pas se tromper quand on voit deux personnes, presque à l'identique

  • Merci Maxime pour votre compréhension. Madame Le Roy, vous aviez une explication à nous fournir, pour élucider peut-être cette affaire en cours ?

     

Madame Le Roy raconte qu'il y a trente ans, elle s'est installée à Lapointe. Quelques mois après, elle décide de changer son véhicule et de passer par un concessionnaire, plutôt qu'auprès d'un particulier. A l'époque, internet n'existait pas et se déplacer, était la seule solution. Elle fait donc du « lèche-vitrine » auprès de concessionnaires automobiles. Enfin, elle trouve la voiture idéale, une Peugeot 106, le prix rentre dans son budget. Elle décide d'en savoir plus, elle rentre dans le magasin pour inspecter, le véhicule, de plus près. Un homme, d'une trentaine d'années environ, s'approche d'elle. Il se présente en tant que conseiller commercial. Il lui demande si elle souhaite des renseignements sur ce véhicule. Puis de fil en aiguille, ils sympathisent très vite. Quinze jours plus tard, le crédit accordé par sa banque, elle prend possession de la Peugeot 106. Au moment de partir, il l'accompagne jusqu'à sa nouvelle voiture, va pour lui dire au revoir et lui vole un baiser sur ses lèvres. Très surprise, mais agréablement, elle ne réagit pas. Il lui propose de se voir autour d'un verre. Les rendez-vous s'enchaînent, jusqu'au jour où, il lui apprend qu'il doit quitter momentanément Lapointe. Il l'invite une dernière fois dans leur restaurant favori. Ils boivent plus que d'habitude, comme pour ne plus penser à cette dernière fois, à ce dernier rendez-vous. Il la raccompagne chez elle, il l'embrasse d'un long baiser langoureux, elle le retient en passant ses bras autour de son cou, et lui demande de monter chez elle. Ils passent une grande partie de la nuit ensemble, ils se quittent au petit jour.

Un mois après, elle apprend qu'elle est enceinte et décide de garder ce bébé. Elle n'a jamais essayé de revoir Cyril, le père de son enfant. Elle ne voulait surtout pas lui causer de problèmes car elle le savait marié, il ne lui avait jamais caché la vérité.

 

Cette déclaration ébranla Mme Gommi, et ne doutait en rien, en la parole de Mme Le Roy. A l'époque, elle n'a jamais soupçonné l'infidélité de son mari, il était toujours fidèle à lui-même, prévenant et toujours gentil.

  

Soudain, le silence devient profond. Personne n'ose bouger, même le petit doigt. La surprise est à son comble, quand, au bout d'une minute ou deux, ce silence s’estompe, Mme Gommi d'une voix inaudible :

  • Mon premier mari, avec qui j'ai eu Pierre. Il était à l'époque, conseiller commercial, chez Peugeot, il s'appelait Cyril.

 

Il ne pouvait pas y avoir d'erreur, Pierre et Maxime étaient bien demi-frères et se ressemblaient à s'y méprendre. Ce sont des enfants issus d'un amour profond et sincère du père pour avoir deux gamins qui se ressemblent autant et qui ressemblent aussi à leur père sûrement, pense l'inspecteur Nomade.

 

En effet, Mme Gommi montre la photo du père Cyril, quand il était jeune, à Mme Le Roy, et aux autres membres présents. Il ne peut y avoir d'erreur, Mme Leroy et Mme Gommi sont tombées enceintes la même année, il y a 28 ans, et du même homme.

 

  • Savez-vous ce qu'est devenu votre mari Mme Gommi ?

  • Oui, il m'a quitté, cinq ans après, pour aller vivre avec un homme de dix ans son aîné. Il savait depuis toujours qu'il était attiré par les hommes, mais ses parents n'acceptaient pas cette idée et ils avaient, malgré eux, poussaient leur fils à m'épouser pour cacher ce qui leur semblait contre nature. A l'époque les homosexuels étaient très mal vus. Cyril m'a avoué son homosexualité, le jour où il est tombé amoureux de son conjoint aujourd'hui, et ils sont partis vivre à Londres. Vexée ou déçue, je lui ai demandé de ne plus me recontacter. Je m'en suis voulue d'avoir réagis comme cela. Puis mon deuxième mariage et la naissance de ma fille m'ont fait oublier cette déception. Nous formions une famille heureuse avec mes deux enfants. Mon second mari a élevé, mon fils Pierre, comme son propre enfant.

     

Les échanges continuent encore une bonne heure. Il est presque 20 heures. Ils se quittent et se tiennent au courant quand ils ont des nouvelles.

 

L'inspecteur Nomade téléphone au commissaire de Bellefontaine pour lui expliquer l'histoire. Une fois raccroché, le commissaire appelle Mme Mouro pour la rassurer et lui raconter en deux mots ce qu'il savait. Elle ne doit plus s'inquiéter. Mme Gommi l'appellera demain pour se rencontrer et faire connaissance. Son fils Vincent lui cachait beaucoup de chose, jusqu'à son homosexualité, pense Mme Mouro, sûrement à cause de son père encore vieux jeu. J'aimerai que tout cela change à son retour, il doit comprendre que je suis sa mère et que quoi qu'il décide, je serais toujours là pour lui, quoiqu'en dise son père.

 

Une semaine plus tard, Vincent et Pierre appellent leur mère respective. Ils disent qu'ils sont de retour, qu'ils ont retrouvé la personne qu'ils recherchaient.

 

Deux jours s'ensuivit, Pierre et Vincent arrivent dans le bureau du procureur, en présence de Maxime, de l'inspecteur Nomade et de l'agent spécial. Ils racontent pourquoi ils se trouvaient ce jour-là au magasin « Cocci marquet ». Avant de partir en Thaïlande, ils ont décidé de faire des courses pour aller manger chez la mère de Pierre, Mme Gommi, avant de prendre l'avion qui se rendait en Thaïlande. Vincent et Pierre n''ont pas donné de nouvelles car ils se trouvaient dans un lieu retiré, où le réseau téléphonique n'existait pas. Le procureur regarde Maxime et Pierre :

  • Je suis bien content que cette affaire se termine ainsi. Messieurs, avez-vous essayé de contacter votre père pour lui annoncer qu'il avait un autre fils ?

  • Nos mères sont d'accord, Vincent et moi-même, dit Pierre, nous allons de notre côté faire des recherches pour lui annoncer cette nouvelle. Depuis Maxime et moi restons en contact et nous allons nous revoir régulièrement, pour apprendre à mieux nous connaître.

  • Monsieur le Procureur, si toutes les affaires pouvaient se terminer aussi bien, notre métier disparaîtrait de la surface de la terre, rajoute l'inspecteur d'un ton amusé

 

Cette remarque provoque un rire général. Ils se quittèrent, le sourire aux lèvres, comme pour souhaiter, à chacun des deux frères, le meilleur à venir...

 

FIN



27/10/2023
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