Un jour, un attentat... 2ème partie
Intimidée, rien ne sort de sa bouche, cet homme, cet infirmier en face d'elle, la regarde avec tendresse. De plus, il en impose par sa haute stature, sa tenue d'infirmier qui lui va à sied, tant dans la forme que la couleur que reflète ses beaux yeux bleu profond éclatant. Il y a un charme gamin chez lui, bien qu’il soit également doté de solides épaules.
L'esprit de la jeune femme appréciait le sens de ce regard avec une vélocité pareille à celle d'un éclair. Elle doit réagir, ne pas montrer son trouble. Elle doit calmer son rouge aux joues, et répondre dans un ton neutre :
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Heu, pardon, vous me disiez, ah oui, de rentrer chez moi. Non, je préférerais attendre ici, si cela ne pose pas de problèmes. Vous pensez qu'il y en a encore pour longtemps.
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Je pense que oui, mais je ne saurais dire combien de temps. Si vous préférez attendre ici, je viendrai, moi-même, vous prévenir.
Deux heures se sont écoulées. Emmanuelle s'était assoupie, presque endormie sur ce fauteuil confortable. Un plaid recouvrait ses jambes. Elle avait presque oublié le pourquoi de sa présence en ce lieu inconnu, puis, tout refait surface. L'infirmier n'est pas venu la réveiller, Bruno doit être encore sur la table d'opération.
Elle se dirige vers l'accueil pour se renseigner, quand :
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Je venais justement vous annoncer que votre compagnon est en salle de réanimation. Tout s'est bien passé, d'après le chirurgien, plus de peur que de mal. Les organes comme la rate, le foie et le petit intestin n'ont pas été lésés. Vous pourrez le voir d'ici une heure. Par contre, il doit rester quelques jours en observation.
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Merci, la plaid sur mes jambes, c'est vous ?
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Oui, vous dormiez si bien, je n'ai pas osé vous réveiller.
Emmanuelle est dans ses pensées, elle réfléchit à l'étrange enchaînement de circonstances. La lumière qui s'ouvre à elle pour repousser les ténèbres de cette fin de matinée sombre et brumeuse. Bruno est sauvé, il aurait pu y rester.
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Mademoiselle Berton !
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Oui
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Je ne sais pas si vous me reconnaissez, je suis le commissaire Ferrand
Surprise, Emmanuelle répond :
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Ah mais oui, c'est vous qui nous avait porté secours. Vous êtes commissaire !
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Je peux vous poser des questions concernant cette agression ou vous souhaitez passer au commissariat de la Juste-Prison, demain dans la journée ?
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Je n'ai pas grand chose à vous dire. J'avais rendez-vous avec Bruno, je suis arrivée un quart d'heure plus tard, et là, un homme lui a tiré dessus, à deux reprises
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Oui, heureusement la deuxième balle ne l'a pas atteint, nous avons pu la récupérer. Vous connaissez ces hommes ?
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Non, je ne les ai jamais vu
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Vous pensez que si je vous montre des photos vous pourriez les reconnaître ?
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Non, j'étais bien trop loin. Mon fiancé pourra vous en dire plus peut-être. Il est en salle de réveil, mais on ne peut le voir que dans une heure.
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On ne va pas le fatiguer. On repassera demain, dans l'après-midi
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Bonsoir Mademoiselle Berton, à demain !
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Bonsoir Commissaire
Il est presque 18 heures, une heure d'attente encore, je vais prendre un peu l'air, cela me remettra les idées en place, pense Emmanuelle. Oui, elle est perdue, elle sent que quelque chose se passe. Ces hommes, cette balle heureusement sans gravité, ce choc à la tête, ce commissaire à cet instant, cet infirmier qui vient bouleverser sa vie, pourquoi a t-on tiré sur son fiancé, lui cacherait-il quelque chose. Il faut absolument qu'elle sache, elle veut savoir si tout est pur hasard ou si Bruno aurait quelques secrets, non avoués. Mais non, pense t-elle, c'est complètement absurde, j'ai vraiment trop d'imagination, Bruno est le plus adorable des garçons que je connaisse, je ne le vois pas dans une quelconque double vie.
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Ça vous tente un café ?
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Oh merci, je m'apprêtais à prendre l'air
Spontanément, sans réfléchir, comme pour le retenir :
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Si vous avez un moment, vous pouvez vous joindre à moi
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Avec plaisir, j'allais moi aussi sortir pour fumer une cigarette
Ils se dirigent vers le seul banc qui reste, il est un peu bancale, il fera l'affaire pour quelques minutes seulement. Emmanuelle raconte ses doutes, s'il croît au hasard ou quelque chose dans le genre.
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Pour moi, chaque chose est à sa place, peut-être avons-nous le choix de notre destin, cependant, ce choix fait parti, tout de même, de notre destin
Le visage d'Emmanuelle se contracte en une moue qui exprime un curieux mélange de perplexité, hésitation et incompréhension
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Oulà, attendez, votre raisonnement m'interpelle. Si je comprends bien, vous pensez que nous avons chacun un destin, et même si on change d'avis, à un moment donné, vous pensez, tout de même, que tel était notre destin ?
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C'est ça, admit-il
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Pourtant, ce fameux destin est bien cruel pour certains d'entre-nous, dans le monde entier, pourquoi !
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De là, vient le mystère !
L'infirmier, propose une cigarette à Emmanuelle qu'elle accepte. Ils se racontent un peu leur vie, comment ils ont choisit leur métier et finissent pas se présenter :
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J'espère que cela ne dérangera pas votre fiancé, si nous nous appelons par nos prénoms respectifs
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Non, pas du tout, vous allez vous occuper de lui pendant ces quelques jours, un prénom est toujours plus agréable à entendre, qu'un monsieur ou madame
Ils échangent un sourire furtif. Jean-Baptiste s'apprête à reprendre son service :
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Si vous avez besoin de moi, n'hésitez pas à me faire demander à l'accueil
Emmanuelle regarde s'éloigner Jean-baptiste vers l'entrée de l'hôpital. Elle termine son café et se laisse rêvasser en attendant d'aller rejoindre Bruno, son fiancé, dans sa chambre.
A SUIVRE...
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